Depuis 1357, la cité disposait d’une communauté d’habitants regroupant des élus chargés de la construction puis de l’entretien des fortifications, droits concédés par le roi Jean Le Bon. À la demande de Louis XI, et sous l’impulsion de Pierre Bérard, la ville de Tours est dotée d’un corps municipal en 1462. Le nouveau corps de ville regroupe dorénavant 24 échevins, un maire choisi parmi eux pour un mandat d’un an et 76 pairs et conseillers désignés à vie. Si les échevins avaient le rôle de véritables conseillers municipaux, seuls une dizaine d’entre eux s’activaient régulièrement à l’administration de la ville. Les 75 bourgeois étaient eux convoqués en de grandes occasions, pour de grandes décisions, ou plus ponctuellement lorsqu’un conseil municipal traitait d’une affaire particulière pouvant requérir leur qualité ou qualification. L’histoire des institutions municipales à Tours reste cependant complexe dans la mesure où dès 1462 le corps de ville doit subir une opposition forte et totale des autorités religieuses (qui, avec la création de la commune, ont perdu leurs prérogatives administratives sur la cité). La police de la ville (au sens large) est ainsi largement débattue entre les différentes autorités urbaines.
La première liste des maires et échevins apparaît ainsi en tête du premier registre de délibérations du corps de ville [Renumar, 8 octobre 1462] et est régulièrement ensuite remise à jour.
Parmi les plus grands noms des familles tourangelles qui se sont succédées au titre de maire ou échevins de la ville on retrouve les Briçonnet – dont Jean Briçonnet dit l’aîné fut le premier maire de Tours en 1462-1463 –, les Ruzé, les De Beaune – Jean en 1470-1471, puis ses fils Jacques en 1498-1499 et Guillaume en 1501-1502 sont également maires –, les Burdelot, les Bohier, les Falaiseau ou encore Philibert Babou, maire en 1520-1521. Les premières décennies de vie municipale sont marquées par la domination au sein de cette élite municipale des grands marchands qui profitent de la présence royale pour alimenter leurs affaires. S’y trouvent aussi les officiers du roi qui administrent localement la région. En raison de la présence de la société royale en Val de Loire, la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle voient se succéder à la tête de la mairie de Tours les familles des plus hauts dignitaires de l’État royal. La liste est éloquente :
Pour ces hommes, issus le plus souvent de familles tourangelles, le titre de maire de Tours est avant tout honorifique car dans les faits, de par leurs fonctions auprès du roi, ils n’assistent pas véritablement aux conseils municipaux. Ils servent au contraire d’intermédiaires pour la ville lorsqu’elle a besoin, pour ses affaires, de requérir le roi. Pour les grandes cérémonies officielles (en particuliers les accueils royaux), toutes ses personnes tiennent particulièrement aux fonctions de représentations, il y va de leur honneur.